« D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été aimée que ce soit par ma famille ou par mes nourrices. Je n'avais pas une vie tout à fait tranquille, dans cette grande demeure la plus part du temps seulement habitée par le personnel, ma sœur ainée et moi-même, mais j'étais tout de même heureuse. Je n'ai jamais connu l'école, mes cours se faisant donc à domicile, en compagnie de celle que j'ai toujours admirée, Kaylee. Agée de 3 ans de plus que moi, c'était une grande sœur aimante et affectueuse, qui ne manquait jamais de m'aider. C'était ma bienfaitrice, l'ange qui guérissait tous mes maux.

Il avait été décidé depuis longtemps déjà, que ce serait elle qui reprendrait l'entreprise familial. J'étais la cadette et cette décision me convenait parfaitement. Gérer une entreprise n'était pas quelque chose dont je voulais m'accommoder et j'avais bien d'autres rêves à exaucer. Je rêvais de liberté, de reconnaissance dans le milieu du patinage artistique et de la natation. J'avais d'ailleurs un certain talent dans ses domaines et ma sœur ne cessait de m'encourager, tandis qu'elle restait enfermer à étudier pour devenir celle que nos parents voulaient qu'elle soit.

Ma petite vie tranquille a continué et j'ai commencé par être passionnée par d'autres choses que le sport. Bien sûr je continuais mes entrainements quotidiens, redoublant d'efforts, mais d'autres choses m'attirer. La lecture et l'écriture par exemple, furent deux choses pour lesquelles je m'investis. Kaylee était toujours derrière moi, présence rassurante qui comblait l'absence de nos géniteurs. Puis ce fut la musique, les films de Disney, les jeux-vidéos, le grand air, le jardinage, le tir à l'arc, les étoiles, la pâtisserie... tant de choses qui sont entrées dans ma vie, qui m'ont passionné.

Pendant l'hiver de mes 12 ans, je tombai gravement malade. Je passais alors mes journées dans mon lit, à dévorer des piles de livres, à regarder la neige recouvrir mes rosiers que j'avais plantés durant l'été, à visionner le Roi lion, la petite sirène et tant d'autres, à écrire mes premières histoires. Lors des fêtes, ma sœur ainée me rapportait le repas et on mangeait simplement toutes les deux et on riait comme deux folles. C'était le bon vieux temps, où nous étions couvées par nos parents. Pas de problèmes, pas de drames.

Puis ce jour où tout a basculé arriva sans que quiconque ne s'en méfie. Je venais tout juste de remporter ma première médaille d'or et Kaylee avait décroché son permis. « Ça se fête, petite sœur » , m'avait-elle dit et nous étions parties, sans plus de cérémonies. Tout d'abord ce fut un film d'animation au cinéma. Puis un restaurant, des boutiques, la librairie. En somme une bonne petite soirée entre filles. L'heure de rentrer vint et nous nous mîmes en route.

Tout se passa rapidement. Les pneus qui crissent dans une tentative de freinage vaine, un bruit d'airbag qui se déclenche. Sonnée, mais saine et sauve, je me tournai vers ma sœur ainée avant d'écarquiller les yeux d'horreur. Elle était morte sur le coup.

« Kay... Kaylee ! KAYLEE !! »


Je ne sais pas trop ce qui arrivera l'année qui suivit. J'étais dans une sorte de brouillard, où j'avais actionné le mode automatique. Economie de gestes, de paroles. Vide, sourde, aveugle, muette, je ne donnais pas vraiment de signe de vie. Ma sœur était morte, l'entreprise de mon père m'était donc léguée, sans que j'ai été formé pour la gérer. Ce n'était pas mon rôle de cadette.

On pense souvent, malgré qu'on sache le contraire, que la mort ne nous touchera pas et n'entachera pas notre bonheur actuel. Cette dernière survint tellement rapidement, qu'il serait bien impossible de la prévoir. Puis quand quelqu'un de proche meurt, tout s'effondre et on se rend compte que notre vie n'est qu'un grain de sable qui peut s'envoler à tout moment. La vie n'est qu'éphémère. »


Toujours dans mes sombres pensées, je traversai le long couloir qui menait jusqu'au salon, tenant fermement une lettre d'invitation en main. Ma porte de sortie. Je partirai demain. A l'académie Yuukou.

Shelby c'est une fille charismatique qui entraîne le monde entier à sa suite, et chez qui les contraires se rencontrent. Elle est taquine, énergique, toujours le sourire aux lèvres et en même temps elle est sérieuse et réfléchie, dévouée dans ses passions et son travail. Elle maîtrise facilement ses émotions sauf quand on lui demande de faire face à ses phobies. Il lui devient alors difficile de contenir sa crise d'angoisse, ses larmes et ses cris, et, entêtée comme elle l'est, elle continuera de s'égosiller tant qu'on ne l'écartera pas de ce dont elle a peur. Elle n'essaye pas de faciliter la vie de son entourage et elle a refusé toute l'aide que le corps médical aurait pu lui apporter à la mort prématurée de sa grande sœur. Elle veut se souvenir à vie de l'accident, des éclaboussures de sang qui ont atterri ce jour-là sur son visage blafard. Et en même temps elle essaye de tout oublier, de tourner la page.

La jeune fille n'aime pas quand quelqu'un tente de résoudre ses problèmes à sa place, et elle préfère être encouragée durant tout le long du chemin qu'elle devra parcourir pour réussir.  Indépendante et fière de l'être, elle n'en reste pas moins une gamine de 17 ans qui a côtoyé la mort, sensible, indécise qui rêve de liberté, de collines enneigées et de lac gelé où elle patinerait gaiement. Le patinage artistique et la natation sont des moyens pour elle de se défouler. Ces sports lui ont permis de se fixer un but à atteindre, pour lequel elle se bat avec toute sa volonté. Elle est compétitive et revancharde, elle adore donc relever n'importe quel défi qu'on lui propose.

Douce et réconfortante, Shelby est appréciée par beaucoup de monde et surtout par les enfants qui la prennent pour une grande sœur. C'est grâce à ce contact facile avec les plus petits et les contes fantastiques qu'elle imagine, qu'elle est devenue tout naturellement conteuse. Cependant, sa passion pour le sport lui occupant presque tout son temps, ce n'est qu'un travail à temps partiel qui lui change les idées et qui lui permet de gagner quelques sous tous les mois. Elle le fait plus pour le plaisir que pour le salaire qui n'a rien d'extraordinaire et qui ne lui sert pas à grand chose étant donné la richesse de sa famille.