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| Il fait nuit. Les lumières de Yuukou sont encore allumées, puisqu'il n'est pas si tard que nous puissions le croire. Malgré tout, nous pouvons voir avec une clarté saisissante le ciel qui s'offre à nous. Que c'est beau. J'ai le regard rivé sur la fenêtre de ma salle de classe (J'y suis restée plus longtemps pour finaliser la lecture et la signature de papiers). Ce n'est pas la même sensation que lorsque je regarde le ciel de la journée, la température clémente ou non. C'est plutôt un sentiment…de calme. De repos. Mon imagination n'est pas forcément déployée quand j'observe la voûte céleste et noire. Je l'admire et je me sens bien. Je n'ai pas envie de faire une crise de panique ou de colère, surtout parce qu'il n'y a rien autour de moi qui puisse me faire réagir ainsi. Je pousse un soupir et je retourne tranquillement à ma chaise de professeure, celle qui a des roues pour que je me déplace avec aisance entre mes étudiants. Je m'assois mollement et je regarde les toiles de mes élèves (et certaines de moi) jonchant sur le sol, accotées sur les étagères et sur les murs. Elles sont toutes là, désirant être complétées tout de suite, sans attendre. J'aimerais bien répondre à leur requête perpétuelle, mais je ne peux pas. Ce ne sont pas mes toiles, donc je n'ai aucun droit de les toucher pour rajouter des traces de peinture. Je ne peux pas non plus amener les toiles terminées avec moi, même si j'avais eu l'accord des élèves concernés. Mon studio est étroit (et c'est tant mieux comme ça), et tous mes murs sont remplis, donc je dois m'y faire. Oui, bon. Ça ne m'aide pas à trouver quelque chose à faire avant de quitter l'académie pour aller rejoindre le confort de mon lit qui se trouve dans mon studio. J'observe de nouveau par la fenêtre. J'ai trouvé.
Je me lève et je m'étire. Je vais aller jeter un coup d'œil à l'extérieur, dans la cour. Ça sera une meilleure expérience pour moi que plutôt regarder le ciel au travers une vitre transparente. Je sors de ma salle de classe, éteignant les lumières et verrouillant toutes les portes nécessaires. Je marche d'un pas rapide vers la sortie et, enfin, je suis dehors. Il était temps. Je lève les yeux et un frisson me parcoure. Oh. Il fait un peu froid ce soir. Je mets automatiquement mes mains sur mes bras pour essayer de conserver ma chaleur corporelle. Bon. Je n'ai pas le choix. Je rentre à l'intérieur, je déverrouille la porte où se trouve mes effets quotidiens, je prends ma veste, je reverrouille le tout et hop, me voilà encore une fois le nez à l'extérieur. Cette fois, pour de bon. Pourvu que je n'attrape pas un rhume ou une maladie quelconque qui se forme avec le froid des soirs. Je me dirige vers un emplacement où il ne fait ni trop noir ni trop clair. Je le trouve. Il est parfait.
Au moment même où j'y accède, je vois une ombre. Une ombre humaine avec une extrémité difforme. Je ne peux empêcher mon corps de s'arrêter et mon cœur s'accélérer doucement, sous l'effet de la peur. Ma conscience ne s'attendait pas à voir quelqu'un (ou quelque chose) à cette heure-ci. Je m'approche sans faire grand bruit et je constate, à mon soulagement, que c'est une jeune personne qui a en sa possession un télescope. Je ferme les yeux et j'essaye de ralentir les battements de mon cœur. Cela fonctionne. Fiou. Je rouvre les yeux et je demande poliment:
- Pardon, puis-je m'assoir ici? Je…je ne te dérangerai pas. D'ailleurs, que fais-tu?
Je me doute bien de la deuxième réponse, mais qui sait s'il a décidé d'analyser le ciel ou s'il analyse une chambre… |
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