2 ans auparavant

Son père et lui étaient assit l'un à côté de l'autre, silencieux. Ils regardaient droit devant eux, fixement et sans bouger. Après un long moment de silence, Milo entendit son père soupirer.

-Je crois que tu devrais retourner à Yuukou.

Milo tourna la tête pour voir son père. Celui-ci n'avait pas bougé. En regardant son père, Milo fronça les sourcils.

-Pourquoi tu me parles de ça?

-Quand tu y étais, tu avais bien aimé cette école non? Tes notes étaient meilleures. Et tu pouvais jouer au hockey quand tu le voulais.

Dommage qu'il ai dû partir. Milo se souvenait avoir eu de bonnes notes. Enfin, pas bonnes mais meilleures qu'avant.Et pour une fois, les autres élèves lui fichait la paix. Après tout, l'académie n'enseignait pas qu'aux surdoués. Le jeune homme secoua la tête et soupira en se rappelant de l'école.. Dans le Minnesota, il y avait certaines écoles qui proposait le même genre de programme sportif que Yuukou. Seulement, ses notes avaient diminuées, et la qualité de l'enseignement laissait à désirer.

-Mais Yuukou est à l'autre bout du monde, perdu dans l'océan. C'est pas à côté, dit-il en se grattant la joue.

-Penses-y Milo : aller à un match en tong et en short, t'imagine?

-Mouais...C'était bien bien. Tu es certain que ça ira?

-Te préoccupe pas de moi, je suis vieux, dit-il en replaçant sa cravate. Ça faisait bizarre de voir son père en cravate.

-Dis pas ça...

-Mais si. Et pis de voir le monde, voir les palmiers et les noix de cocos, aller faire chier ses arriérés qui ne connaissent rien au hockey , ça te ferait du bien. En tout cas, plus de bien que de rester ici. Y'a plus de mauvais souvenirs que de bons ici.

Milo leva ses yeux de sur le sol et regarda son père à nouveau. Celui-ci regardait toujours devant lui, avec un visage de marbre. Il soupira de nouveau.

-Et puis ça ferait tellement plaisir à ta mère de te savoir heureux, même si c'est ailleurs.

Le jeune tourna la tête pour regarder sa mère. Couchée sur le dos dans un lit de fleurs, sa mère semblait presque dormir. Plus personne dans le salon funéraire, sauf lui-même et son père. Il ne pouvait toujours pas le croire. Il lui semblait qu'encore hier, elle l'accueillait à la maison avec un chocolat chaud. Son père se leva et Milo le suivit, comprenant qu'ils devraient faire leur adieux. Milo regarda son père se pencher sur le cercueil encore ouvert. Il embrassa sa femme sur son front déjà froid. En se redressant, Milo vit que son père n'avait toujours pas la moindre expression sur son visage. Comment faisait-il pour rester aussi stoïque? Milo aurait aimer pouvoir ne jamais avoir aussi mal. Son père se dirigea vers la sortie et lança.

-Je t'attends dans la voiture. Prend ton temps.

Le jeune homme avança lentement vers sa mère, pour voir son visage. Milo se crispa lorsqu'il pu apercevoir qu'elle semblait sourire. Après tout, la mort l'avait soulagée de son cancer. Elle ne souffrirait plus jamais. Si ça devait être une chose positive, elle restait tout de même sa mère, et elle allait lui manquer horriblement. Elle lui avait appris bien des choses, et elle n'avait jamais lâché.

Milo posa deux mains tremblantes sur le coffre du cercueil. À lui de le refermer. Il baissa les bras petit à petit. Il semblait ne pas vouloir quitter sa mère des yeux mais il le fallait. Il prit une grande inspiration, et regarda sa mère une dernière fois. Sa gorge se noua, réalisant enfin qu'elle ne serait jamais plus là aux noëls, à sa fête, tous les jours à la maison. D'une voix enrouée, Milo lui parla une dernière fois.

-Je te promet que tu seras fière de moi. Je sais que tu voulais que je retourne et Yuukou, mais je ne pouvais pas supporter être loin de toi. Maintenant je vais y retourner. Je vais le faire. Tu ne seras pas déçue de moi... Maman, merci de m'avoir aimez pour ce que j'étais. Merci d'avoir cru en moi. Je t'aime tellement...

Le bois rencontra le bois. Milo avait refermer le cercueil. Il aurait voulu être aussi fort que son père, mais il ne put retenir ses larmes. Ses mains cachèrent son visage et il se mit à pleurer. Sa poitrine lui faisait mal et des sons étouffés s'échappaient de sa gorge. Il se trouva pathétique, mais rien ne pouvait l'empêcher de pleurer. Il tenta de reprendre son calme en respirant calmement pendant plusieurs minutes. Finalement, Milo essuya ses larmes du revers de la main et serra les lèvres. Puis, il prit la direction de la sortie.

Milo est gentil. Avec tout le monde sans exception. Ou plutôt, il tente d'être gentil avec tout le monde. S'il adore se battre et donner des mises en échec à ses concurrents, Milo n'aime pas beaucoup la bagarre à l'extérieur de la glace. En dehors de celle-ci, il est courtois et sympathique. Il est le type qui laisse sa place dans le métro et le bus à la femme enceinte ou à la petite vieille. Il est aussi le type qui n'oserait jamais dire de quelqu'un qu'il est bizarre ou dérangé, mais plutôt dire qu'il est «original» C'est une façon hypocrite de penser, et il l'assume. Du moment que personne ne se sente insulté...En restant le plus poli possible, il espère s'éviter les ennuis et de la frustration inutile.  Mais bien sûr, il lui arrive de se fâcher, comme tout le monde. Ses colères sont froides, passive-agressive: il évite, il fait semblant que tout va bien et continue tranquillement à vivre. Il préfère garde sa colère à l'intérieur et ses commentaires mesquins pour lui.

Si Milo est aimable et  sympathique, il n'a cependant pas beaucoup de potes. C'est qu'il est horriblement timide. Pour faire court, il aime passer inaperçu, ne pas faire de vagues. Bien qu'il soit poli avec (presque) tout le monde, cette politesse n'est pas toujours sentie. Il est parfois poli par obligation et par conformité. Sa gentillesse et sa courtoisie peuvent laisser à certain un arrière gout de froideur, de retenue émotionnelle. Il n'est pas un individu  naturellement amical, cela prendra du temps pour qu'il s'ouvre à quelqu'un.

Mais d'ailleurs, pourquoi agit-il de cette manière là? Pourquoi cette froideur et cet éloignement perpétuel vis-à-vis les autres? D'abord, parce qu'il est timide, et pas pour rien. Milo est un peu mauvais à l'école. Pour ne pas dire crétin. Mis à part en éducation sportive, ses notes font souvent pitiées à voir, et il le sait. Depuis qu'il est tout petit qu'elles le sont. Il n'a jamais été doué en math, en anglais, etc.  Des choses que les autres élèves comprenait à la première minute, Milo finissait par comprendre en une heure ou à ne jamais comprendre du tout. Autant dire que les autres enfants en profitait pour rire de lui et le traiter d'idiot.  Milo en est rester marqué, et c'est pour cela qu'il se fait discret encore aujourd'hui.

Il n'a pas réussit à entrer à l'Académie Yuukou en restant les bras croisés. Il travaille très fort. S'il est ici maintenant, c'est parce qu'il n'a jamais lâché. Milo est têtu et ne baisse pas facilement les bras lorsque quelque chose lui tient à coeur. Réussir dans la vie à toujours été l'un de ses objectifs. Mais son rêve est évidemment de devenir hockeyeur professionnel. C'est un peu grâce au hockey d'ailleurs qu'il n'a jamais abandonné ses études. Ce sport lui a appris la persévérance et aussi l’endurance; sa mère aussi d'ailleurs. Et durant les matchs, il est complètement une autre personne. On oublie la politesse et la courtoisie. Si vous êtes dans son chemin, il vous écarte d'un coup de coude, d'une mise en échec, ou il jette ses gants pour vous donner une raclée.  Bref, c'est une grosse brute sur la glace.

Le pied hors de la patinoire, Milo redevient le gentil Milo que tout le monde connait.